53 le jeu
le défi posé par krishna à arjuna
Votre mental est continuellement en train de jouer et tout cela n'est
qu'un rêve dans un théâtre vide. Tandis que vous méditez, portez
vol re regard sur ce mental qui ne fait que s'amuser, pareil aux enfants
debordant d'énergie, qui s'amusent et courent partout; c'est tout. Les
pensées surgissent et gambadent, ce n'est qu'un jeu; ne les prenez
pas au sérieux. Même quand une mauvaise pensée se présente, ne
culpabilisez pas. Ou, si c'est au contraire une pensée très noble, une
Il rH belle pensée - vous voulez servir l'humanité, transformer le monde
entier et amener le paradis sur terre - n'en nourrissez pas votre ego,
Ile pensez pas que vous êtes devenu formidable. Ce n'est qu'une des
Inreltes du jeu du mental. Parfois il s'élève, parfois il tombe, il déborde
sunplement d'énergie et prend toutes sortes de formes et d'apparences.
Introduisez la dimension du jeu dans tous les aspects de votre
vil'. Quelle que soit votre action, soyez si totalement impliqué
'1\1(' le résultat n'ait pas d'importance. Le résultat viendra, c'est
normal, mais il n'est pas présent dans votre esprit. Vous, vous
10\1(:'1., vous vous faites plaisir.
~'est ce que veut dire Krishna, lors de la Mahabharata-
Iii W':tnde guerre rapportée par la Gîta - quand il dit à son
diH('iple, Arjuna, de laisser le futur entre les mains du divin.
« l .c résultat de vos actions est entre les mains du divin, et vous,
routcntcz-vous d'être dans l'action elle-même. » Ce simple
l).Iil' devient un jeu. C'est ce qu'Arjuna a du mal à comprendre
car, dit-il, si ce n'est qu'un jeu, alors pourquoi tuer, pourquoi
combattre? Mais la vie entière de Krishna n'est qu'un jeu; vous
ne trouverez jamais quelqu'un de moins sérieux. Toute sa vie est
un jeu, un amusement, une pièce de théâtre. Il aime tout, mais
sans rien prendre au sérieux. Il l'aime intensément mais sans
s'inquiéter du résultat, ce n'est pas le résultat qui est essentiel.
C'est difficile pour Arjuna de comprendre Krishna, parce
qu'Arjuna calcule, il pense en terme de résultat final. Il dit au
début de la Gîta: « Tout cela semble absurde. Des deux côtés se
tiennent ma famille, mes proches, mes amis, prêts à se battre.
Qpel que soit le vainqueur ce sera une grande perte car ma
famille, mes proches, mes amis seront anéantis. Même si je suis
vainqueur ça n'en vaudra pas la peine, car à qui vais-je montrer
ma victoire? Les victoires ont un sens lorsque les parents, la
famille, les amis s'en réjouissent. Mais il n'y aura plus personne,
la victoire aura lieu parmi des cadavres. Oyi l'appréciera? Oyi
dira, Arjuna tu as réalisé une action d'éclat? Alors, vainqueur
ou vaincu, tout cela est absurde, n'a aucun sens ». Il veut
renoncer, il est mortellement sérieux comme quiconque vivant
dans le calcul.
Le texte de la Gîta est unique. Rien n'est plus sérieux que la
guerre. On ne s'en amuse pas, parce que des vies sont en jeu, des
millions de vies - ce n'est pas un jeu. Mais Krishna maintient
que, même dans ce cas, vous devez garder l'esprit du jeu; vous
ne devez pas penser au résultat final, mais rester simplement
dans le moment présent. Ne soyez qu'un guerrier; jouez au
guerrier. Ne vous inquiétez pas du résultat car le résultat est
entre les mains du divin. Et ce n'est même pas important que
le résultat soit ou non entre les mains du divin, l'essentiel c'est
qu'il n'a pas à être entre vos mains, que ce n'est pas à vous d'en
porter la responsabilité. Si le résultat doit dépendre de vous,
alors votre vie ne peut pas devenir méditative.