Le secret de la transmutation alchimique de l’ombre en lumière, c’est le lâcher-prise

Traverser le désert de nos illusions

15 août 2013, 12:01https://fbstatic-a.akamaihd.net/rsrc.php/v2/yU/r/hF-1rauND8a.png); background-size: auto; display: inline-block; height: 12px; width: 12px; background-position: -57px -558px; background-repeat: no-repeat no-repeat;">

Dans la vie, toute ombre qui n'a pas pu être mise en lumière remonte tôt ou tard en surface, c’est une loi à laquelle personne n’échappe. 

 

Le mal-être et l’état de tension que nous éprouvons lorsque nous faisons l’expérience du manque d’amour, à un niveau ou à un autre, est le signe que certaines de nos ombres tentent d’attirer l’attention sur elles. Or, que sommes-nous tenter de faire lorsque c’est le cas ? Le plus souvent, nous cherchons à fuir cet état désagréable. Nous cherchons à anesthésier la souffrance. Pour cela, nous nous déportons vers l'extérieur en quête de « remplissage », destiné à combler la sensation insoutenable de « vide » intérieur.  En se déportant de la sorte, on sort de soi, on s’éloigne de la souffrance pour ne plus y être exposé. Ce mécanisme de fuite peut apporter un soulagement ou une satisfaction en réaction à l’éloignement de la souffrance, mais cela ne signifie pas pour autant qu’elle aura disparue. Elle a juste été « étouffée » ; un couvercle a été mis dessus pour ne plus la ressentir, et c'est cet étouffement qui procure un sentiment d'apaisement, sentiment rassurant dont on deviendra petit à petit dépendant !

 

C’est ce que nous sommes tenter de faire lorsque la souffrance et l’état de tension qui lui est associé crient en nous. Alors, c’est comme si nous laissions tomber un enfant triste et affamé parce que sa présence nous insupporte, tant il nous renvoie à nos limites, nos hontes, nos peurs, notre culpabilité, etc. Toutefois, l’étouffer ne lui apportera pas ce dont il a besoin pour retrouver le bonheur et la satiété, bien au contraire, ce sera encore pire. En nous éloignant de lui, nous le laissons tomber, nous l’abandonnons à son triste sort, nous le privons d'attention, et donc d'amour. Cette souffrance que nous ressentons, nous devons nous en occuper, la considérer, la mettre en lumière. Mais, comme disait Jung, « ce travail est désagréable, donc impopulaire ». Il est tellement plus facile de fuir vers l’extérieur en quête de stimulation rapide, pour compenser, pour occulter, pour oublier…

 

C’est ce que nous faisons la plupart du temps : fuir le « vide » et tenter de le remplir par des artifices, ou, ce qui revient au même, se laisser captiver mentalement par autre chose, afin de dévier l'attention. C’est ce mécanisme de déportation qui peut, bien souvent, nous pousser à nous remplir d’aliments, à passer des heures sur internet à perdre notre temps (quand bien même chercherait-on à se persuader de faire quelque chose d'utile...), à chercher le partenaire qui pourra nous « combler », à se complaire dans l’inertie, ou à s’adonner à toute activité susceptible d’occuper notre esprit et de nous maintenir en surface, suffisamment éloignés des hurlements de notre enfant blessé.

 

Ce qui est étrange, c’est que le réflexe naturel (et donc normal) face à la souffrance serait au contraire le « repli sur soi », l’envie de ne rien faire. Ce réflexe nous incite à « aller au-dedans de soi » pour y accueillir la souffrance, pour la regarder en face, ce qui est là la seule et unique manière de la mettre en lumière (et par là même d'apprendre à se connaître vraiment, dans le sens du « connais-toi toi-même »). Malheureusement, ce réflexe naturel d’introspection est lui aussi supplanté par le réflexe de fuite. Ce n’est que lorsque nous avons épuisé toute notre énergie à nous débattre en surface que, par manque de force, nous replongeons au cœur de l’ombre. C’est ce que l’on appelle la dépression ! Alors, nous n’avons plus envie de rien ; nous n’avons même plus d’appétit et tout nous paraît fade, insipide, dénué d’intérêt et de sens. Le fait que nous n’ayons plus envie de rien nous oblige à faire face. Et là, acceptons-nous de plonger dans le noir, ou tentons-nous un dernier stratagème pour fuir en restant solidement cramponné à notre mental, se jugeant et se condamnant lourdement de vivre cette souffrance ?

 

Paradoxalement, c’est le refus de la souffrance qui l’alimente et la renforce, créant au fil du temps, un véritable monstre terrifiant, un gardien du seuil hideux, amalgame de toutes nos peurs, nos colères refoulées, nos hontes, nos blessures, nos jugements négatifs, etc. Alors, que faire face à ce monstre, cet enfant blessé renié, meurtri et méprisé ?

 

 

Imaginons que nous soyons perdus en plein désert. Nous marchons sous le soleil, traînant notre ombre derrière nous. En pleine détresse, affamés, désorientés, nous en venons à accuser cette ombre d’être la responsable de notre triste sort. Nous cherchons à nous en éloigner, mais elle nous suit… comme une ombre.  Nous nous débattons, nous courrons dans toutes les directions, mais rien n’y fait, elle reste collée à nos baskets. Nous prenons alors conscience que fuir est inutile et ne fait que renforcer son emprise sur nous. C’est là que, à bout de souffle et de force, nous commençons à déposer les armes. Face à l’immobilité et au sentiment de vide que nous laisse la vue de notre ombre, remonte en nous le sentiment effroyable de la peur, qui est désormais à vif. Cette peur vient de la croyance que si nous nous abandonnons totalement, l’ombre va nous submerger, et que nous allons en mourir. C’est la peur de la peur, en quelque sorte. Et c’est là, en cherchant une ultime issue, que nous réalisons qu’il nous est possible de plonger dans l’ombre pour voir si elle est vraiment si terrifiante qu’elle en a l’air. Dans un ultime élan de courage et de foi, nous acceptons de faire le grand saut dans le gouffre sans fond de nos ténèbres intérieures. Nous lâchons prise, en accordant toute notre attention à la sensation de ce vide, et à toutes les émotions qu’il exprime. Nous acceptons, nous cessons de lutter, nous nous détendons intégralement. Nous contemplons l’ombre telle qu’elle est, en la ressentant de l’intérieur. Ainsi, nous ne sommes plus l’ombre, mais la lumière qui contemple l’ombre, et par cette mise en lumière, nous la faisons disparaître. Nous réalisons alors qu’au-delà de nos propres illusions, nous n’avons jamais été rien d’autre que la Lumière elle-même… Nous réalisons que nous sommes le Soleil...

 

Le secret de la transmutation alchimique de l’ombre en lumière, c’est le lâcher-prise. Il s’agit d’ouvrir les portes de notre incarnation à la lumière de l’Amour, afin qu’elle nous aide à éclairer nos ombres. Par soi-même, c’est-à-dire par les moyens limités de l’individualité, on ne peut rien faire. Nous avons besoin de l’aide d’une Intelligence supérieure, qui est précisément l’Amour. Le lâcher-prise est la porte ouverte à la manifestation subtile de cet Amour, et c’est cette essence subtile que nous pouvons capter par le souffle de la respiration. Concrètement, cette ouverture se fait dès que nous descendons dans le corps pour y RESSENTIR nos « ombres » et y RELÂCHER toutes les parties du corps qui se sont crispées sous leur influence. Lorsque nous ressentons, nous ne sommes plus dans le mental, et nous faisons l'expérience de la réalité à partir du Coeur, à partir du centre, et non plus de la périphérie où nous nous déportions jusqu'alors en quête d'une source de stimulation compensatoire destinée à anesthésier ou étouffer la souffrance. La démarche est donc extrêmement simple, peut-être même trop simple pour qu’on veuille bien s’y intéresser et lui accorder crédit.

 

La Nature ayant horreur du vide, elle n’a de cesse de vouloir nous « remplir » d’Amour, mais elle ne peut nous « insuffler » son essence si nous nous maintenons dans la fermeture. Cette fermeture se reflète dans le corps par une mauvaise posture et par la crispation musculaire, qui entravent la respiration. En relâchant le corps intégralement, notre respiration peut retrouver un rythme naturelle et harmonieux, et nous pouvons ainsi absorber le « souffle vital » nécessaire pour faire l'expérience du bien-être.

 

En se laissant ainsi imprégner par l’énergie d’Amour, nous prenons conscience que notre santé et notre état d’esprit s’améliorent ; nous nous sentons bien, « nourris », sereins, confiants, et naturellement optimistes. C’est la magie de l’Amour, qui, avant d’être un sentiment, est la plus puissante force de guérison, de cohésion et d’harmonisation. Ce n’est que lorsque nous en sommes suffisamment imprégnés que notre Coeur peut s’ouvrir et l'offrir à autrui. Alors, étant nous-mêmes comblés par cet Amour, nous pouvons le propager sans rien attendre en retour, à l’image du Soleil qui disperse sa lumière sur toute forme de vie, inconditionnellement et de façon désintéressée. Si nous nous maintenons dans le lâcher-prise, alors nous sommes constamment « ressourcés », et l'Amour peut se propager librement à travers nous.

 

Les méditations guidées du site www.meditationsguidees.com ont été conçues dans ce but précis : nous aider à intégrer cet état de conscience méditatif-contemplatif qu’est le lâcher-prise, afin de nous rendre autonomes sur notre chemin, aptes à relever les défis que notre vie de tous les jours ne manquera pas de nous présenter.

 

Elan Sarro, le jeudi 15 août 2013.