09 10 le penseur a donc peur de luimême. Le penseur est la peur même

Pourquoi sommes-nous irréfléchis?


Le penseur élabore ses pensées à partir de l'habitude, de la répétition, de l'imitation, ce qui
n'aboutit qu'à l'ignorance et à souffrance. L'habitude n'est-elle pas de l'irréflexion? La perception
lucide suscite l'ordre, mais elle n'engendre aucune habitude. Les tendances persistantes
n'aboutissent qu'à l'irréflexion, à l'inconséquence. Pourquoi sommes-nous irréfléchis? Parce que
penser est douloureux, cela crée des perturbations, suscite des oppositions, cela peut nous amener
à agir à l'encontre des schémas établis. Alors que penser et ressentir de façon large et ample,
exercer une lucidité sans choix ni exclusive, voilà qui peut nous entraîner jusqu'à des profondeurs
inconnues. Or l'esprit est rebelle à l'inconnu ; c'est pourquoi il passe du connu au connu, d'une
habitude à une autre habitude, d'un schéma à un autre. Ce type d'esprit n'abandonne jamais le
connu pour aller à la découverte de l'inconnu. Se rendant compte de la douleur qui va de pair avec
la pensée, le penseur, à force d'imitation, d'habitudes, finit par perdre le fil de ses pensées ; ayant
peur de penser, il crée ce schéma de comportement irréfléchi. Comme le penseur a peur, ses
actions naissent de la peur, il les regarde alors et s'efforce de les changer. Le penseur a peur de
ses propres créations ; mais l'acte et celui qui le fait sont identiques, le penseur a donc peur de luimême.
Le penseur est la peur même ; il est la cause de l'ignorance, de la souffrance. Le penseur
peut se diviser en de multiples catégories de pensée, mais la pensée et le penseur ne font toujours
qu'un. Le penseur et les efforts qu'il fait afin d'être, de devenir, sont la cause même du conflit et de
la confusion.